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Pourquoi le Cameroun a besoin d’un changement systémique sur le plan sociologique avec Akere Muna ?

Pourquoi le Cameroun a besoin d’un changement systémique sur le plan sociologique avec Akere Muna ?

Sur le plan sociologique

Les fondements sociologiques sur lesquels la nation Camerounaise a été érigée se sont insidieusement effrités à la faveur des crises et des mutations géoéconomiques dont le peuple camerounais a été victime. L’être humain a une formidable capacité d’adaptation qui ne dispense pas d’une naturelle résistance au changement, mais relève plutôt d’une plasticité de l’espèce, qui très souvent relève d’un prégnant instinct de survie. Le besoin physiologique s’alimente forcément d’un besoin de sécurité inhérent à toute créature vivante, aussi bien les animaux que les végétaux.

Ainsi les Camerounais, dont le président vante la résilience se sont convaincus d’une impossibilité à changer l’ordre nouveau instauré par les institutions internationales et ont saisi des zones d’incertitude dans le système d’action concrets étendus de manière systémique à la nation entière, qui devient le théâtre de toutes sortes de combats pour la survie.

Ainsi, pendant que les personnalités nommées à de hauts postes de responsabilité trouvent matière à dilapidation des deniers publics, à enrichissement personnel dans des réflexes cleptocratiques de saisie d’opportunités, les pauvres dans leurs milieux respectifs s’accommodent de cette nouvelle donne sociologique et se volent, se pillent et parfois s’entretuent entre eux.

 

Par acquit de conscience, ils déculpabilisent en arguant que la faute au marasme, à leur misère est celle du gouvernement ou de Paul Biya, ou des élites (qui sont-elles d’ailleurs ?), dans un transfert de responsabilités digne de la mauvaise foi intrinsèque que nous nous évertuons à utiliser pour taire la dissonance cognitive que nos actes, dans un sursaut de conscience réveille en nous. Et ainsi s’alimente un système délétère où le problème ce n’est jamais soi, mais les autres et quand on vole, c’est que les autres ont commencé. Pourquoi donc sortir de cette spirale puisque c’est la seule condition pour pouvoir vivre de façon aisée au milieu de tous les autres, considérés en un tout holiste comme « le corps social ». Le phénomène de la corruption est endémique au Cameroun et participe de fait à cette déviance mentale qui laisserait à penser que beaucoup de Camerounais, coutumiers du fait, se sont affranchis de toute éthique et le font pour plusieurs raisons :

-La porosité du tissu social qui propage facilement les déviances de par les interactions formelles plus grandes dans nos pays africains,

-Dans un système aux valeurs éthiques défaillantes, la norme s’érige par les usages, faisant des valeurs morales une exception, ce qui est un non-sens méthodologique.

 

Il est donc évident que l’une des solutions cardinales du prochain président du Cameroun doit être la lutte contre ce fléau qui a corrompu la nation et détourné des milliards de FCFA depuis plus de 40 ans. Pour le sociologue Emile Durkheim, les faits sociaux doivent être considérés comme des choses et on ne peut comprendre certains faits sociaux qu’en les comparant aux autres. Nos actes en soi état des faits sociaux, conditionnent donc fortement ceux des autres. Mais de ceci, comment pouvons-nous nous saisir de façon suffisamment importante pour les investir de morale et invoquer une meilleure socialisation qui soit bénéfique à tout le corps social ?

 

Il est une évidence : le Cameroun des années 1980 (fondé structurellement sur une culture méritocratique) a laissé place à un autre Cameroun au début des années 1990 (essentiellement tourné vers le profit immédiat : le phénomène des feymen en est une illustration épiphénoménale) et cette lente dérive a continué inlassablement son extension jusqu’à nous pervertir en nous soumettant globalement à un dévoiement des fondements de notre morale aisément facilité par la soumission à des réalités étrangères réinvesties de sens apocryphes (les sectes et autres obédiences de nature perverse en sont la continuité).

 

Sans décodage didactique pour la jeunesse, s’érige en norme une culture parallèle qui leur évoque en miroirs équivoques des gains faciles, des réussites spontanées, voire des modèles superficiels qui font le lit des rêveries dérilictives d’une jeunesse sans repères. Le modèle urbain américain en est l’illustration. Ainsi, la porosité d’un tissu culturel amorphe favorise-t-elle l’absorption de modèles culturels importés dits mondialistes, qui contribuent autant à déstructurer la jeunesse qu’à la pervertir.

 

Le Cameroun des années 2000, sorti des crises d’après dévaluation, à la faveur d’une relative reprise économique s’est fragmenté en une agrégation d’intérêt corporatistes fortement tribalistiques qui a fait le lit des replis identitaires générant des antagonismes larvés dans le corps social Camerounais. Ainsi, les Béti (du pays organisateur) s’attaquent aux Bamiléké (dits ethnofascistes) qui leur répondent en retour, ensuite c’est la guerre entre Basaa et Douala sur fond de hiérarchie des mémoires indépendantistes entre Um Nyobe et Douala Manga Bell, quand ce n’est la crise anglophone, témoin d’un malaise sociétal généralisé dont on fait l’économie à la fois de la genèse et des fondements structurels.

Dans cette anarchie institutionnalisée, des groupes ethniques se sont appropriés les leviers du pouvoir et ont cristallisé une forme de domination par le clan, l’ethnie, le groupe. Cette systématisation de pratiques centrifuges, parfois occultes en tout cas déviantes par excellence, cette mainmise sur les deniers publics et cette gestion autocentrée de la caste cooptée dominante sur une nation de plus de vingt millions d’âmes, ont fini par convaincre la majorité des « sans-nom » de la République, exclue des fruits de la croissance, que la seule issue pour eux était soit le vol, soit l’exil, soit l’alignement dans des circuits immoraux.

 

D’où des phénomènes endogènes de consolidation de groupes sociaux qui se reconnaissent par leur naissance ou par leur appartenance aux mêmes cercles ésotériques, malfaisants pour le corps social tout entier.

 

En effet, quand l’idéal nationaliste et patriotique laisse la place à des logiques individuelles, l’on se coalise avec les membres de son clan pour exister, dans un grégarisme primaire témoignant de notre quête pour la survie. Ainsi, faute de s’attaquer à la racine du mal, il est plus aisé de s’en prendre à celui qui semble le plus aisément critiquable. C’est un phénomène psychologique de déplacement de notre agressivité qui est d’abord l’illustration de son impuissance face à un implacable ordre immanent. Conjugué à une labilité sociohistorique des cultures dominomorphiques, elle porte en germe le délitement latent de l’idéal

patriotique.

 

La déliquescence de notre idée de nation vient de l’exacerbation d’une fragmentation ethnique favorisée par l’anomie généralisée au sein d’une société sclérosée en mal de repères, de symboles fédérateurs et d’idéal supranational.

A suivre....

Extrait : Pourquoi le Cameroun a besoin d’un changement systémique !

Par Professeur Henri Georges MINYEM

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